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Catégorie : Les années xx20.


Siège de Melun (1420)

Rédigé par l'amicale de Melun.


mercredi 1 janvier 2020

Les belligérants :






Royaume de France Dauphin, futur Charles VII.


Royaume d'Angleterre
(Henry V).

4 000 hommes.


Melun
Arnault Guilhem de Barbazan

600 à 1000 hommes selon les sources.


Duché de Bourgogne (Philippe le Bon)

environ 16 000 hommes.


Le siège de Melun se déroule du 7 juillet au 17 novembre 1420, pendant la guerre de Cent Ans.

Introduction



Durant la Guerre de Cent Ans, les succès militaires du roi Henry V d’Angleterre (1386-1422) culminent lors de la bataille d’Azincourt le 25 octobre 1415 où la chevalerie française est écrasée.



Le 11 juillet 1419, le Dauphin Charles (1403-1461) signe le traité d’alliance de Pouilly-le-Fort, dit « la paix du Ponceau » avec le duc de Bourgogne Jean sans Peur (1371-1419), contre l’Angleterre.




Le duc de Bourgogne Jean sans Peur (1371-1419) est assassiné le 14 septembre 1419 sur le pont de Montereau-Fault-Yonne.

Le nouveau duc de Bourgogne Philippe III le Bon (1396-1467), fils de Jean sans Peur assassiné, fait alors alliance avec Henri V d’Angleterre.




Le 21 mai 1420, Henri V d’Angleterre signe le traité de Troyes avec Charles VI le « roi fou » de France très fragile psychologiquement, déshéritant ainsi son fils le Dauphin Charles et reconnaissant Henry comme régent et héritier du trône de France.



Henry V d’Angleterre décide de soulager Paris occupé par ses troupes, qui subit depuis de nombreux mois le blocus de ses principales voies d'approvisionnement en raison de la présence de garnisons fidèles au Dauphin Charles VII de France sur le cours des principaux cours d'eau au nord, à l'est et au sud de Paris.

Marié le 2 juin 1420 avec Catherine de Valois (1401-1437), fille de Charles VI et d’Isabeau de Bavière (1370-1435), Henry V d’Angleterre quitte Troyes le 4 juin accompagné de sa femme, du « roi fou » et de la reine de France, du roi d'Écosse Jacques Ier (1394-1437) prisonnier du roi d’Angleterre et du duc de Bourgogne Philippe III le Bon (1396-1467). Avec une troupe de 4 000 Anglais et un nombre plus important de troupes bourguignonnes, l'armée se dirige d'abord vers Sens, qui capitule sans opposer de résistance le 11 juin. Prise le 1er juillet après un bref siège, Montereau-Fault-Yonne rend le corps de Jean sans Peur à son fils Philippe le Bon.


Déroulement du siège de Melun du 7 juillet au 17 novembre 1420



Le 7 juillet 1420, Henry V d’Angleterre et le duc Philippe III le Bon de Bourgogne viennent mettre le siège devant Melun, défendue par une garnison de 600 à 700 hommes sous le commandement d'Arnault Guilhem de Barbazan (1360-1461), dont une rue de Melun porte son nom aujourd’hui encore. Il a sous ses ordres quelques capitaines de marque, tels que Pierre de Bourbon, sire de Préaux ; Nicole de Giréme, grand prieur en France, de l’ordre de Rhodes ou de Saint-Jean de Jérusalem ; Denis de Chailly, Guillaume de Chaumont-Quitry, capitaines de Moret et de Montereau, qui s’étaient réfugiés à Melun.

On compte également dans les rangs de ses auxiliaires un gentilhomme notable du pays : Philippe de Melun, seigneur de la Borde ; Louis Jouvenel des Ursins, chevalier, sire de Trainel et un vaillant écuyer breton, Tugdoual de Kermoisan dit le Bourgeois. Ils tiennent tête durant cinq mois aux troupes anglaises et bourguignonnes.




Le 28 juillet, Philippe le Bon tente un premier assaut qui est repoussé avec perte. Le canon de l’attaque rase alors les murs de la ville. Néanmoins le roi d’Angleterre n’ose pas renouveler l’assaut.

Attendant toujours du secours du Dauphin, les habitants montrent un grand courage en résistant avec acharnement et un patriotisme exacerbé. Ils doivent se nourrir de chevaux, puis de rats et de souris. Lorsque l'argent manque, les plus nobles bourgeois s'engagent à fournir la solde des gens de guerre.

Des éclaireurs du Dauphin vont jusqu’à Melun, reconnaissent secrètement la position du siège et celle du roi anglais, et rapportent que la défense d’Henri V et de Philippe le Bon qui ont fortifié leurs camps de fossés avec remblais, de pieux et de palissades, est inexpugnable. Les troupes du Dauphin s’emploient alors seulement à harceler, à inquiéter l’ennemi ; à cerner et à menacer de loin les assiégeants. Quant aux assiégés, on leur mande sous main qu’ils n’ont à compter que sûr eux-mêmes.

Bientôt la disette commence de se faire sentir, même parmi les assiégeants. En cette conjoncture, Henri V, appuyé par le duc de Bourgogne, se rend à Paris, muni d’un mandement au nom du roi Charles VI pour y recruter du secours. Le 18 octobre, des troupes fraîches, levées par les soins des Parisiens, arrivent à Melun. Elles ont pour capitaines Jean Le Gois et Jean de Saint-Yon, seigneurs des boucheries de Paris ; le dernier, échevin de la capitale. De son côté, déjà, le duc de Bourgogne a rappelé de Picardie le gouverneur, Jean de Luxembourg, qui vient le rallier à Melun avec toutes ses forces disponibles. Ces renforts considérables décident du sort qui attend les braves soldats de Melun.

La perte de tout espoir d'être secouru ainsi que la famine cause finalement la chute de la ville le 17 novembre 1420. La ville de Melun en tire d'ailleurs sa devise : Fida muris usque ad mures (en français : Fidèle aux murs jusqu'à manger des rats).


Les habitants doivent se rendre aux Anglais qui leur imposent les plus dures conditions : La garnison entière, et des femmes même, sont envoyées à Paris. Plongés dans les prisons civiles, comme des malfaiteurs, privés des honneurs de la guerre, beaucoup périssent de misère et de mauvais traitements. Les soldats écossais envoyés par les régents d’Ecosse qui ont combattu aux côtés de Barbazan sont immédiatement exécutés devant le roi Jacques Ier.




Accusé de complicité dans l'assassinat de Jean sans Peur en 1419, Barbazan est soumis à la torture et enfermé à Château-Gaillard. Il n'en sort affaibli qu'en 1429, lorsqu’Etienne de Vignoles dit La Hire s'empare de la forteresse. Barbazan se met immédiatement au service de Charles VII et combat pour lui jusqu'à sa mort en 1431.



Suites



Une fois maître de Melun, Henri V se dirige vers Paris, afin d’y prendre possession du gouvernement. L’héritier de France y fait son entrée, avec une grande pompe, le dimanche 1er décembre 1420. Les deux rois marchent de front : Charles VI roi de nom, Henri V roi de fait. Tous deux sont suivis des princes d’Angleterre ; puis en troisième ordre, viennent le duc de Bourgogne et sa maison. Jean sans Peur n’aurait pas souffert cette subalternité. Les Parisiens commencent à subir leur monarchie anglaise. Isabelle et Catherine entrent à Paris le lendemain. Escorté du duc Philippe le Bon, le roi Charles VI retourne en possession de son séjour à Saint-Paul. Le duc de Bourgogne, après avoir pris congé de Charles VI, établit sa demeure en son hôtel d’Artois. Henri V et ses princes s’installent au palais du Louvre.

Les Anglais demeurent maitres de Melun jusqu'en 1430, date à laquelle la ville se libère elle-même, profitant de ce que la garnison anglaise est affaiblie momentanément. Elle est toutefois reprise par les Anglais en 1432 pour n'être définitivement libérée qu'en 1435, sous le règne du Dauphin, proclamé Charles VII roi de France à Bourges le 30 octobre 1422 et sacré à Reims le 17 juillet 1429.

Bibliographie


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Jean-Claude Castex, Répertoire Des Combats Franco-anglais de la Guerre de Cent Ans (1337-1453), Les Éditions du Phare-Ouest (2012), pp. 251-252.
Jules Michelet, Histoire de France, depuis les origines jusqu'à la fin du XVe siècle, Cans et Compagnie (1840), p. 649.
Histoire de Charles VII. — Tome I, livre II, chapitre VI. — (du 3 juin 1420 au 24 février 1421).






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